Les inquiétudes financières sont depuis longtemps liées aux problèmes de performance, et de santé mentale dans les entreprises. Selon un rapport compilé par la plateforme de bien-être Nudge, plus de 4 employeurs sur 10 confirment que l’augmentation du stress dû à des difficultés financières chez leurs employés – très certainement liée à la crise de Covid-19 – a eu un impact négatif sur leur entreprise en 2020. C’est près de trois fois plus (15% vs 41%) que ce qu’ils répondaient à la même question il y a un an.
Le leader mondial du conseil et du courtage Willis Towers Watson montre dans sa dernière enquête faite auprès de plus de 17’000 employés qu’il existe un lien direct entre les soucis financiers des employés et leur rendement, leur engagement et leur absence. Plus précisément, l’enquête montre que les employés en difficulté financière sont:
- 41% plus absents que les employés sans soucis financiers
- moins motivés que ceux qui n’ont pas de soucis financiers (51% contre 29%)
- moins productifs que ceux qui n’ont aucun problème d’argent (32% contre 5%)
Ainsi, créer une santé financière fait plus que soulager du stress actuel – il jette les bases d’un avenir financier stable et sûr.
Fondamentalement, la santé financière mesure la capacité à répondre aux besoins financiers et à se préparer aux impondérables. Quand on parle de santé financière, on parle de tout ce qui touche aux crédits, dettes, hypothèques, gestion des économies, fonds de pension, épargne-retraite, etc.
Quand on sait que plus de 50% des adultes en âge de travailler rapportent avoir ‘juste assez’ pour vivre – cela sans compter les Millennials qui sont plus de 60% à souffrir de stress dû à des soucis d’argent – on se rend compte que le problème est plus important qu’il n’y parait.
De plus, avec la crise COVID-19, la santé financière est passée au premier plan des priorités pour la plupart des employés. C’est donc le bon moment pour les employeurs de faire de ce sujet une partie intégrante de la stratégie de santé et bien-être des collaborateurs.
Ajoutons à cela les conclusions du rapport de 2018 créé par le CIPD de Londres et intitulé : Employee Financial Well-being: Why it’s important, qui montre qu’une mauvaise santé financière est un danger clair et présent pour les employés, les employeurs, l’économie et la société.
Que peut faire l’entreprise pour couvrir ce sujet ?
La question à se poser avant même de réfléchir à quel type d’aide offrir est de savoir jusqu’où l’employeur doit fournir de l’aide. En effet, on imagine la scénario catastrophe où l’employé – qui a été conseillé par son employeur sur des questions de retraite ou de gestion financière – engage des poursuites envers l’organisation après que les conseils reçus n’ont pas fonctionné. Et on peut ajouter à cela la crainte des employés du non-respect de la confidentialité sur un sujet aussi personnel que l’état des finances. Vous imaginez bien que l’employé qui rechigne déjà à fournir des données personnelles sur son état de santé (physique et mentale) aura encore plus de peine à partager l’état de ses finances avec son employeur. Plusieurs sondages montrent que la plupart des gens préfèrent parler de la mort plutôt que de l’état de leur finance (!).
Donc il s’agit pour l’employeur d’offrir de l’information et des conseils sans prendre parti, en respectant une totale confidentialité, et surtout sans aller trop loin dans le rôle de conseiller financier. L’important est aussi de rendre le sujet moins tabou. Et oui, c’est possible à faire.
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Offrir un programme d’assistance aux employés (PAE)
La plupart des PAE offre des conseils financiers aux employés, de manière totalement confidentielle et anonyme pour l’employé puisque le fournisseur de services est totalement indépendant. La crédibilité des services de PAE repose d’ailleurs sur la confidentialité et la protection des données. J’ai eu la chance de voir des rapports d’utilisation de différents providers de PAE que j’ai rencontrés ces dernières années (LifeWorks de Morneau Shepell, Optum, Icas EAP). Les appels pour des questions financières sortent toujours en tête de liste. C’est la preuve qu’il y a un véritable besoin et que le rôle de l’employeur est aussi de fournir ce type de soutien.
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Offrir des séminaires, des webinars et des informations sur un portail en ligne
Dans le domaine du bien-être financier, comme dans tous les autres domaines des piliers de la santé, une solide formation sur les fondements est nécessaire. Cela devrait commencer par une compréhension de base de ce qu’implique le bien-être financier. Ensuite, ce genre de séminaires, conférences et webinars devraient couvrir les principales préoccupations financières des employés, à savoir : questions d’hypothèque, de testament, de retraite et protection de revenus, ainsi que l’aide à l’épargne d’urgence, la gestion de la dette (surtout chez les jeunes) et la budgétisation. Soit ces sujets peuvent faire partie de séminaires ‘généralistes’, couvrant tous les sujets, soit l’employeur peut offrir un séminaire par sujet selon l’intérêt et la demande des employés. Idéalement, un programme de bien-être financier de haute qualité devrait tenir compte des différentes categories démographiques. Les besoins financiers changent selon les différentes étapes de la vie.
Et si vous vous demandez comment savoir ce qui intéresserait les employés, vous avez deux options. Leur demander directement à l’aide d’un sondage, ou demander à votre PAE pour quelles raisons les employés font appel à un conseiller financier.
Les recherches montrent que le bien-être financier est un facteur majeur de performance et de productivité des employés, et donc d’efficacité organisationnelle. Je pense qu’un programme de bien-être financier adapté n’est pas superflu ni extravagant, c’est simplement un impératif pour les entreprises soucieuses du bien-être de leur collaborateurs.
