La santé mentale: pilier principal de la santé en entreprise

MentalHealth

Pourquoi est- ce si important d’avoir une politique d’entreprise qui couvre aussi le sujet de la santé mentale ? Tout d’abord, parce qu’un employé sur trois (1 sur 3 !) est ou sera touché par un souci d’ordre psychique. Ensuite parce que la prévalence des troubles psychiques est à la hausse dans les pays industrialisés et est devenu une priorité des pays en voie de développement : d’après l’OMS, les risques psychosociaux et le risque du stress liés au travail devraient être inclus d’urgence dans les programmes politique et de recherche des pays en développement. Les problèmes de santé mentale et les autres troubles liés au stress sont reconnus comme étant parmi les principales causes de cessation anticipée d’activité, de taux d’absentéisme élevés, de troubles de la santé en général et de faible efficacité des organisations. A cela s’ajoutent les risques pour la santé mentale liés aux nouvelles technologies, à la digitalisation, à la numérisation, à l’avalanche d’information ou surinformation (infobésité comme disent les Canadiens). Et tout cela sans parler de l’arrivée du COVID qui a tout d’un coup fait émerger plus de troubles psychiques que les années précédentes, et un ‘nouveau normal’ auquel il faut s’adapter.

Qu’entend-on par santé mentale ?

 

C’est la capacité que chacun d’entre nous a de ressentir, de penser et d’agir de manière à améliorer son aptitude à jouir de la vie et à relever les défis auxquels il est confronté. Il s’agit d’un sentiment positif de bien-être émotionnel et spirituel qui intègre la culture, l’équité, la justice sociale, les interactions et la dignité personnelle.

La santé mentale est en quelque sorte l’opposé de la maladie mentale, aussi appelée de manière moins stigmatisante, troubles psychiques. La maladie mentale se caractérise par des altérations de la pensée, de l’humeur ou du comportement (ou une combinaison des trois) associées à un état de détresse et à un dysfonctionnement marqué.

Oui, même et surtout en entreprise, il est important de parler des troubles psychiques, pour en arrêter la stigmatisation et permettre d’offrir à tous un environnement diversifié et inclusif. Ceux-ci peuvent diminuer les performances de ceux qui en souffrent. Offrir un cadre professionnel inclusif et non stigmatisant est donc crucial pour ces employés-là.

Mais tout d’abord, redéfinissons les termes, de façon à parler tous de la même chose.

De nombreux termes sont utilisés pour désigner les troubles psychiques : outre maladie mentale, on dit aussi trouble mental, affection mentale, crise psychique, maladie psychiatrique, épuisement nerveux ou encore burnout. Les expressions familières – comme celle que j’ai entendue il n’y a pas une heure dans la bouche de mon cher et tendre – telles que dingue, malade mental, fou, toqué, handicapé, cinglé, timbré ou détraqué favorisent le rejet et ne devraient pas être utilisés, d’autant qu’elles ne véhiculent en rien ce que vivent les personnes concernées (ensa, 2020). En entreprise, le terme de santé mentale, ou troubles mentaux, n’a pas bonne presse. En effet, on associe souvent, à tort, le mot ‘mental’ et ‘handicapé’. Si, si, je vous le promets, je l’ai entendu dans une grande entreprise Suisse.

Le terme trouble psychique est donc un terme large englobant à la fois les maladies psychiques et leurs symptômes, lesquels peuvent ne pas être suffisamment sévères pour permettre de diagnostiquer une pathologie, tout en englobant aussi les états de crises associés à une maladie psychique (ensa, 2020).  Par la suite, nous allons utiliser le terme trouble psychique que nous trouvons bien plus approprié que tous les autres et que nous recommandons d’utiliser pour éviter toute discrimination.

J’ouvre ici une parenthèse pour expliquer de manière simple les troubles psychiques qui existent dans le monde, et donc aussi au sein des organisations. Si vous êtes au fait de ce type de troubles, je vous laisser passer à la page suivante.  Les voici listés, par ordre d’importance en fonction du nombre de personnes souffrant de ces troubles psychiques. Vous trouverez ci-dessous un tableau récapitulatif des % de personnes souffrant de troubles psychiques dans l’Union Européenne. Comme je l’ai dit plus haut, cela vous donne une bonne indication du % de vos employés souffrant de troubles psychiques.

Les troubles anxieux : 
Les formes d’anxiétés les plus fréquentes sont les phobies, le trouble de panique et le trouble d’anxiété généralisée. Vous trouverez à la Figure 2 un résumé des prévalences des troubles anxieux dans l’Union Européenne.

Trouble de l’humeur (dépression) :

La dépression est une maladie psychosomatique (elle associe des symptômes psychiques et somatiques – relatifs au corps) due à un dérèglement de l’humeur. L’humeur se définit comme la disposition affective et émotionnelle qui conditionne la manière dont nous ressentons les événements qui normalement engendrent de la joie ou de la tristesse. Le dérèglement de l’humeur ne permet plus ces alternances normales de joie et de tristesse.

La maladie va affecter la mémoire, la pensée, le jugement et l’état d’esprit. Elle a un impact sur la façon de se sentir, de penser, de dormir et d’agir. Contrairement à des dépressions passagères occasionnées par des chagrins de la vie, la personne ne sera pas capable de surmonter seule ce profond sentiment de tristesse.

Trouble du comportement alimentaires (TCA) :

Ces troubles se manifestent vers l’adolescence, touchent plus souvent les femmes que les hommes et incluent l’anorexie mentale (restriction alimentaire, peur de prendre du poids, altération de la perception de la forme de son corps), la boulimie nerveuse (absorption d’une grande quantité de nourriture en une période de temps limité, suivie de comportements compensatoires tels que vomissements, prise de laxatifs, jeûne ou exercice physique excessif) et l’hyperphagie boulimique ou Binge Eating Disorder (boulimie sans comportements compensatoires et qui occasionne un surpoids et génère une souffrance psychique).

Trouble addictif ou addictions :

On parle de dépendance physique ou psychique dès lors qu’une personne n’est plus à même de fonctionner sans consommer une substance donnée. Ces troubles comprennent l’alcoolisme et le tabagisme (drogues légales), l’abus et le détournement médicamenteux, la toxicomanie (drogues illégales : ecstasy, cannabis, cocaïne, amphétamines, hallucinogènes, opioïdes) et les addictions comportementales (dépendance aux jeux d’argent, aux jeux vidéo, au sexe, aux achats compulsifs, aux réseaux sociaux, etc.).

Trouble bipolaire ou psychose maniacodépressive :
ce trouble est généralement diagnostiqué à l’âge adulte. Il touche 2% de la population et comporte deux pôles d’émotion. Il s’agit de sautes d’humeur récurrentes, anormales, persistantes et incontrôlables, alternant phases d’hyperactivité pendant lesquelles domine un sentiment de toute puissance et des phases de dépression plus ou moins sévères. Le chaos émotif qui en résulte peut entraîner de graves conséquences notamment d’un point de vue social.

Schizophrénie :

Contrairement aux idées reçues, le terme ‘schizophrénie’ ne veut pas dire ‘double personnalité’, il vient du grec et signifie ‘esprit fragmenté’. Il s’agit d’une maladie mentale qui débute habituellement entre 15 et 30 ans, qui s’accompagne d’une perte de contact avec la réalité, de délires, d’hallucinations, de modifications de la pensée, du langage et du comportement. Les personnes sont souvent incapables de faire la distinction entre la réalité et leur propre perception des événements. Cette maladie touche environ 1% de la population.

Trouble de la personnalité (borderline) :

Ce trouble affecte environ 0.7% de la population, plus de femmes que d’hommes, et survient au début de l’âge adulte. Il s’agit d’un trouble qui fait référence à un dysfonctionnement d’ordres psychologique et social. La personne a des comportements inadaptés et enracinés. Sa personnalité est anormale, soit dans l’équilibre de son jugement, de ses émotions et de ses comportements. Ses relations avec les autres sont souvent très instables.

Prévalence annuelle des troubles psychiques dans l’Union EuropéenneMental health in Europe


Comment aborder ce thème en entreprise ?

 

  • En mettant en place une politique de santé comprenant un pilier axé sur les troubles psychiques et risques psychosociaux.

    Voir notre article sur stress, risques psychosociaux ici

  • En offrant une culture intégrant la diversité et l’inclusion.

    Il s’agit de mettre un terme à la stigmatisation, en sensibilisant sur le sujet de manière à briser le silence et les tabous sur les troubles psychiques. C’est exactement ce qu’a fait un de mes clients récemment : sur la base d’une analyse des besoins que j’avais effectués et de mes propositions, il a créé une équipe Health & Resilience qu’il a rattachée au département Diversité et Inclusion (D&I). Car pour adresser la santé mentale, il faut parler d’inclusion, de différences, de tabous, de stigmatisation et il n’y a pas de meilleur département pour le faire que celui de D&I.

  • En faisant la promotion des programmes et ateliers spécifiques pour mieux comprendre le sujet.
    1er secours en santé mentale, gestion du stress et de l’anxiété, assistance aux employés (PAE), aide à la gestion des addictions, etc.

 

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Delphine Caprez