Happy Hormones : étonnamment indispensables à la performance en entreprise

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La plupart des gens pensent que le bonheur arrive une fois le succès atteint et que le succès et la performance arrivent à la suite d’un travail acharné. Mais si nous nous trompions dans l’équation : et si le bonheur n’était pas le résultat du succès et de la performance, mais en était plutôt la cause ?

Quand on se sent bien, on produit des hormones appelées hormones de plaisir : dopamine, ocytocine, sérotonine et endorphine. Ce sont les hormones de plaisir par excellence, produites selon les cas par le cerveau lui-même ou par d’autres organes. D’où qu’elles viennent, notre cerveau est en constante demande de ces hormones. Mais cette demande ne peut être satisfaite en permanence et c’est normal. En effet, notre cerveau ne libère une hormone de plaisir que s’il y voit une réponse à un besoin de survie comme manger, être en sécurité ou appartenir à un groupe social. Une fois ce besoin de survie assouvi, on reçoit un petit « kick » d’hormones positives. Le cerveau revient ensuite à son état neutre jusqu’à la prochaine « opportunité de survie ». C’est pour ces raisons que nous avons tous des hauts et des bas, on peut donc blâmer les hormones responsables de nos coups de blues !

Alors comment explique-t-on que la plupart d’entre nous adopte des comportements qui semblent contraires à la survie comme trop travailler, trop manger, trop consommer, trop se connecter, etc. ? Comment est-ce possible si notre cerveau ne récompense que des comportements positifs pour notre survie ?

Tout vient de là justement. Comme expliqué par la Docteur Loretta Graziano Breuning dans son livre “Habits of a Happy Brain”, une fois que l’effet du jet d’hormones de plaisir passe – et c’est très rapide – on ressent un vrai manque. Donc on va chercher à ressentir à nouveau rapidement ce sentiment de plaisir. Et comme notre cerveau se rappelle très bien ce que l’on faisait juste avant d’être récompensé (manger, faire du sport, se connecter aux réseaux sociaux, jouer sur la console, etc.) on va essayer de refaire ce qui a déjà marché. Mais aucune de ces habitudes ne peut donner du plaisir en continu parce que comme expliqué plus haut, notre cerveau ne fonctionne pas ainsi. Donc plus on va rechercher ces hormones de plaisir, plus on va devoir « consommer » pour atteindre le même niveau de plaisir. On devient donc accro, en manque de ces Happy hormones, alors même que de tels comportements pourraient menacer notre survie.

C’est pourquoi il est important de réentraîner les connections neuronales du cerveau pour se concentrer sur de nouvelles habitudes qui sont réellement bonnes pour nous et activer ainsi les hormones de plaisir de manière positive.

Plus heureux = plus performant

Si je vous dis qu’en adoptant une attitude plus heureuse et positive, vous serez plus performant(e) de plus de 30%, est-ce que je réussi à capter votre attention ? Et si je vous dis que ce chiffre, il ne vient pas de moi mais d’un des plus grands experts sur le lien entre le bonheur et le succès Shawn Achor, également auteur du bestseller “The Happiness Advantage”, serez-vous prêt(e) à booster vos hormones de plaisir ?

Mais avant de voir comment augmenter vos taux de dopamine, ocytocine, sérotonine et endorphine, prenons quelques instants pour les décrire plus en détail parce que chacune a son rôle et son importance. Cette explication ne se veut pas trop technique et nous allons essayer de vulgariser un sujet très complexe. Parler d’hormones reste compliqué et la science et la recherche n’ont pas encore réussi à tout expliquer. S’il y a des endocrinologues parmi nos lecteurs (mais comment êtes-vous arrivé(e)s ici ?), soyez donc indulgent(e)s avec nous.

La dopamine est, comme la sérotonine, ce qu’on appelle un neurotransmetteur. Cela veut dire qu’elle aide le cerveau à envoyer des messages via votre système nerveux à différentes parties du corps. Elle est impliquée dans les systèmes de récompense, de motivation et d’apprentissage. Surtout elle a cette particularité – que les autres n’ont pas – de créer cette dépendance au ‘toujours plus’. Il faut de plus en plus de récompenses, ou des récompenses plus grosses pour produire le même niveau de dopamine. C’est une drogue à accoutumance, ce que les créateurs des réseaux sociaux ont bien compris. Ils ont donc créé les ‘likes’. Plus on en reçoit et plus on reçoit simultanément de doses de dopamine. Et plus on en veut et moins on est satisfait. Comme il n’y en a jamais assez, on passe alors de plus en plus de temps sur les réseaux pour rechercher ces shots de plaisir qui nous satisfont de moins en moins. Si vous ne faites pas partie de cette catégorie, bravo, mais surtout n’y entrez pas car la détox est rude (voir Article sur la Digital Detox ici).

L’ocytocine, ma préférée des quatre, est l’hormone de l’attachement. Il se pourrait qu’elle ait un rôle dans différentes situations comme l’orgasme, la reconnaissance sociale, l’empathie. Elle est principalement libérée en grande quantité pendant l’accouchement, ce qui aide à faciliter la naissance. On en donne d’ailleurs aux femmes enceintes pour déclencher l’accouchement. Alors en quoi nous intéresse-t-elle au sein des organisations ? Vous allez voir plus bas comment on peut stimuler la sécrétion d’ocytocine pour augmenter le bien-être des collaborateurs (en tout bien, tout honneur, bien sûr).

La sérotonine est un neurotransmetteur comme la dopamine. Elle est sécrétée quand on se sent important(e), confiant(e), respecté(e), valorisé(e). Il semblerait que des personnes à tendance dépressive aient des taux de sérotonine plutôt bas souvent combinés avec des taux de cortisol (hormones de stress dont on va parler plus bas) plutôt hauts.

Les endorphines. Comme la morphine, elles agissent sur les récepteurs de certaines cellules. Elles sont libérées en quantité en cas de douleurs, de blessures ou d’efforts physiques importants. Elles ont un effet euphorisant, atténuent les douleurs et la peur tout en diminuant la température du corps.

Comment booster ces hormones dans le cadre du travail ?

Voici quelques idées sur la façon d’entrainer le cerveau à activer les hormones de plaisir pour nous rendre plus heureux et performant(e) :

  1. Pour commencer, focalisez-vous sur le type de récompenses qui vous motive ou sur le type de récompenses qui motive vos équipes et reliez-les à vos objectifs ou à ceux de votre équipe. C’est la partie la plus difficile. La partie la plus simple consiste à décomposer chacun de vos objectifs en sous-objectifs, plus petits et à plus court terme, ce qui vous permettra de recevoir un shot de dopamine chaque fois que vous atteindrez un sous-objectif.C’est la méthode des petits pas.
  1. Puis, attelez-vous à augmenter la loyauté, la confiance, l’empathie et la générosité sur votre lieu de travail. Prenez du temps pour aider, encourager, soutenir ou complimenter vos collègues. En faisant également confiance à vos équipes, en vous appuyant sur certains collègues ou sur votre manager, vous augmenterez ainsi votre taux d’ocytocine. Il semble qu’une minute d’interaction positive avec un collègue ou votre manager suffise pour déclencher une dosed’ocytocine dans le cerveau. Sourire, raconter son weekend ou écouter attentivement un collègue relater une anecdote déclenchent une émission d’ocytocine. Quelle chance qu’il y ai d’autres moyens de booster cette hormone que de devoir accoucher.
  1. La sérotonine quant à elle est l’hormone du leader par excellence. Celle/celui qui dit “merci” a le pouvoir de déclencher une petite dose de sérotonine chez celle/celui qui le reçoit. Exprimez verbalement ou par écrit votre gratitude pour le travail effectué par un(e) collègue, ou pour le soutien reçu de votre manager. Et la dernière chose qui est primordiale est de donner ou plutôt trouver un sens à ce que vous faites au travail, ceci vous permettra d’avoir un taux de sérotonine élevé.
  1. Et pour finir, les endorphines améliorent l’humeur et permettent de réduire la douleur physique et le stress émotionnel. Dans le cadre du travail, vouloir augmenter les taux d’endorphines implique forcément des activités plutôt fun. Rire reste la meilleure des thérapies pour booster les endorphines, tout comme faire du sport avec des collègues ou organiser des ‘walk & talk’ meetings, pendant lesquels on parle du travail tout en prenant l’air et en bougeant.

En quoi les hormones ont une importance dans le monde du travail ?

En dehors du fait que, comme nous venons de le voir, plus on a de happy hormones, plus on est performant, les hormones affectent tout le monde, de tous âges. Mieux comprendre ces hormones permet de mieux comprendre ce qui touche votre population. Et surtout, peut-être qu’un jour les organisations européennes suivront l’exemple de certains employeurs américains qui ont commencé à prescrire des cures pour doper les niveaux de dopamine et sérotonine de leurs équipes. En effet, certains employeurs surfent sur la vague : ils ont embauché des médecins qui offrent des examens médicaux pour identifier les potentielles carences alimentaires et hormonales. Sur ces bases, ils prescrivent ensuite une cure de compléments alimentaires qui doperont dopamine et sérotonine. Chaque matin, le petit paquet de compléments attend l’employé sur son bureau !

La Dopamine-Fast 2.0

Une autre tendance récente dans la Silicon Valley est la « Dopamine-fast 2.0 ». Le jeûne de dopamine, défini en 2016 par le psychiatre californien Cameron Sepah, consiste à réduire ou à se priver de comportements impulsifs (donc de dopamine) afin que la production de cette molécule soit stimulée dans le futur. Pendant 7 jours, on se prive de tout ce à quoi on est accro et qui fait plaisir. L’argument utilisé pour vendre cette dernière tendance est le suivant : à force d’être stimulés, nos neurones de plaisir saturent et sont inhibés.  » C’est comme si l’on fatiguait notre muscle du plaisir « , explique Jean-Olivier Collinet, Directeur et Administrateur de JobYourself, entreprise de coaching basée à Bruxelles. « Les entreprises qui commercialisent ces jeûnes appellent cela un reset cérébral. Leur slogan : se priver pour préserver nos neurones épuisés. »

En fait, se priver de plaisir dans le but de réduire les taux de dopamine ne fonctionne pas. Bien que la dopamine augmente en réponse à des récompenses ou à des activités agréables, elle ne diminue pas lorsque vous évitez de trop stimuler les activités qui vous donnent du plaisir, donc un jeûne de dopamine ne réduit pas réellement vos niveaux de dopamine.

En fait, ce que Sepah voulait lancer avec son jeûne de dopamine était une méthode, basée sur la thérapie cognitivo-comportementale, par laquelle nous pourrions être moins dominés par les stimuli considérés comme malsains – les textos, les notifications, les likes, les bips – qui accompagnent nos vies hyper connectées.

En conclusion, prenez donc une DOSE – Dopamine, Ocytocine, Sérotonine, Endorphine ! En plus de la bonne humeur, ces hormones de plaisir vous donnent de la motivation et de l’énergie. Elles vous aident à mieux connecter avec les autres, augmentent votre dynamisme, votre leadership et votre confiance en vous et envers les autres. Bien que vous ne puissiez pas contrôler votre environnement de travail ou les personnes avec lesquels vous interagissez, vous pouvez prendre les bonnes mesures pour booster ces happy hormones.

 

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Delphine Caprez